Un univers pas tout à fait préparé à ça voit jaillir Lydia Képinski dans le Mile End de 1993. Enfant unique, elle est élevée comme l’espoir de survivance de ses familles québécoises et polonaises par des parents timides, stupéfaits des surprises que réserve le brassage génétique.
C’est portée par un guts de tannante qui a beaucoup travaillé que Lydia Képinski rend aujourd’hui l’âme à travers ce premier album de chansons douces-amères réalisé par Blaise Borboën-Léonard et mixé par le brillant Jace Lasek (Besnard Lake, Wolf Parade, Suuns). Elle y déploie sans fard une vaste palette de couleurs, passant sans effort du fuchsia au noir fluo. À travers une justesse d’écriture peu commune, elle use autant de candeur que de son ironie légendaire pour graver son souffle dans l’époque à grands renforts de guitares électriques et d’arrangements pop finement ciselés. C’est un disque marqué d’une honnêteté brute autant que d’ambitions aériennes que nous offre la multi-instrumentiste poético-synthétique tout-terrain ; qu’on y rit jaune, qu’on y danse, qu’on s’y colle ou qu’il nous dépasse, l’univers de Lydia Képinski en est résolument un de liberté qui déborde, vous éclabousse et vous emporte avec elle.